Métiers & RSE : la finance durable

25 mars 2021

Les Matinales Métiers organisées par Des Enjeux et des Hommes et Birdeo ont pour objectif de donner à voir le monde en changement et de comprendre en quoi ces évolutions impactent et transforment nos métiers.
A l’occasion du webinaire « Les métiers de la finance durable, de la conviction à l’action », nous avons reçu Fanny Letier, co-fondatrice de GENEO Capital Entrepreneurs avec qui nous avons analysé les grands enjeux du secteur de la finance et les démarches à mettre en place pour y répondre.

Quels sont les enjeux actuels du secteur de la finance ? Comment intégrer les critères ESG dans le processus d’investissement ?

Depuis deux décennies, le « Best In Class » porte le développement de l’ISR en France. Cette méthode de sélection consiste, pour les fonds d’investissement, à privilégier les entreprises les mieux notées d’un point de vue extra-financier. Il est donc possible de retrouver en portefeuille, des entreprises qui ont un bon profil ESG car elles respectent les réglementations du marché mais dont le cœur de métier induit des impacts sociaux et environnementaux négatifs. En 2020, l’ONG Reclaim Finance a étudié la composition de 36 fonds labellisés ISR et commercialisés en France, 60% de ces fonds soutiennent les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre (lire le rapport).Le secteur financier est donc de plus en plus interpellé sur son implication dans la transition économique et sociale et fait face à un déficit de confiance croissant de la part de certains investisseurs et épargnants.

Cette problématique est accentuée par la prise en compte croissante de l’urgence climatique par le régulateur européen depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015. L’UE a pris des engagements clairs en matière de transition énergétique pour 2030 comme celui de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% comparé aux niveaux de 1990. L’écart d’investissements nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par l’UE est d’environ 260 milliards d’euros par an. Pour y remédier, la Commission a adopté un plan d’action pour la finance durable en mars 2018, qui établit une stratégie globale pour mobiliser le secteur financier privé vers la durabilité. La commission multiplie les réglementations en matière de taxonomie et durabilité des activités économiques afin de favoriser plus de transparence des produits financiers et réorienter les flux de capitaux vers des investissements durables.

Ces réglementations vont de pair avec de nouvelles pratiques ESG plus exigeantes au sein des sociétés d’investissements, au-delà de la logique du « Best In Class ». Les acteurs du Private Equity initient et encouragent des actions concrètes auprès du management de leurs sociétés en portefeuille concernant les sujets ESG. Quel que soit le niveau de maturité de la société d’investissement sur le sujet, voici les enjeux de l’intégration de critères ESG dans sa stratégie d’investissement :

  • Définir une ambition qui apporte un avantage concurrentiel ;
  • S’assurer de l’alignement de cette ambition avec le marché et les attentes des investisseurs ;
  • Instaurer un dialogue avec les parties prenantes ;
  • Déterminer les différents enjeux opérationnels de la mise en œuvre de cette ambition ;
  • Intégrer les ESG au cœur du plan de transformation des sociétés investies ;
  • Définir une approche pour changer l’organisation (formation des équipes, changement des procédures, etc.)

Comment accompagner la transition économique et sociale au sein de l’écosystème de la finance durable ? Quelles sont les compétences nécessaires au déploiement d’une démarche de responsabilité ?

« Finance verte, finance durable, finance responsable » … Il existe aujourd’hui un écosystème financier qui réoriente les flux de capitaux vers une économie durable et inclusive. Cet écosystème se compose de nombreux métiers d’expertise de la finance qui sont mis au service de l’impact positif et sont par conséquent un levier d’accélération de la démarche responsable des entreprises.

La pression croissante de la société civile et les enjeux environnementaux et sociaux auxquels le secteur doit répondre ont entraîné une évolution des besoins en compétences financières et extra-financières afin d’aligner la compréhension des enjeux et les métiers de la finance. Il est nécessaire de penser métier et compétences selon le principe « PPP » : « Professional – Projection – Posture », qui repose sur :

  • Un socle de compétences dans son métier : expertise technique, connaissances et compétences financières
  • Une bonne compréhension et intégration des enjeux de développement durable dans la stratégie globale
  • Une cohérence entre savoir-faire et savoir-être : volonté de mettre en place une démarche de progrès, engager les parties prenantes et capacité de faire bouger les lignes

Des secteurs traditionnels de la finance comme les banques, assurances ou agences de notation ont engagé un basculement dans cette transformation. On observe alors une réelle restructuration des métiers de la finance à impact et avec elle, de nombreuses opportunités à saisir. Des métiers apparaissent au sein des directions financières de grands groupes, tout secteur confondu afin de créer de la cohérence entre convictions, métier et contexte du marché. De ce fait, ces métiers à impact intéressent de plus en plus de candidats plus ou moins jeunes en quête de sens. Les soft skills suivantes font l’objet de prérequis en plus de l’expertise technique : ténacité, engagement, ouverture aux autres et capacité à fédérer.

GENEO Capital Entrepreneurs : de la conviction à l’action

Des pratiques d’investissement guidées par une approche durable et à impact positif depuis l’origine

GENEO est née de la vocation de faire grandir des PME et ETI en ayant le plus fort impact possible dans la création de valeur et d’emplois en France grâce à la finance positive.
Pour cela, GENEO s’est dotée d’une raison d’être : « Mettre à disposition de l’économie réelle, une finance positive ».
Celle-ci repose sur quatre piliers :

  • Envisager la finance sur le long terme afin de s’adapter au cycle naturel de chaque entreprise
  • Favoriser l’accroissement du capital humain pour créer de la valeur et pérenniser les sociétés
  • Accompagner les entreprises en matière d’impact positif
  • Partager les valeurs afin de réconcilier performance et sens grâce un système de double dividende (financier et sociétal)

Les enjeux de la structuration d’une démarche d’impact positif

GENEO propose une alternative aux fonds d’investissement classiques afin de déployer le capital employeur des PME et ETI. Pour ce faire, elle investit dans des sociétés qui incarnent l’avenir et qui ont les capacités de répondre aux attentes sociétales. Selon Fanny Letier « l’important n’est pas d’investir dans des sociétés à impact mais de transformer le business model des entreprises, sans aucun jugement de valeur, afin de réconcilier impact positif et performance économique. Ce parti-pris se justifie par la conviction que demain, des entreprises qui ne pensent pas résilience et impact positif, seront moins performantes que les autres. »
L’enjeu est donc de montrer aux entreprises qu’il est possible de développer à partir du chiffre d’affaires, une stratégie d’investissement à impact positif qui leur ressemble, selon le principe d’alignement de valeurs.

L’implication et la montée en compétence des équipes

En tant qu’investisseur minoritaire, GENEO accompagne les entreprises dans la définition de la marque employeur ou dans leurs projets à impact positif : société à mission, certification B Corp, Iso 26 000 etc. La posture de GENEO s’apparente à celle du coaching, dans une logique d’accompagnement qui envisage la finance comme un améliorateur de la situation de l’entreprise.
Fanny Letier analyse la surperformance des fonds comme une résilience : « la crise que nous traversons a déjà démontré que les fonds qui avaient formalisé des actions RSE ont été plus résistants. Il est plus que jamais nécessaire de prendre en compte le capital humain et considérer la diversité comme une ressource pour l’innovation, afin de répondre au triple enjeu suivant : attirer des talents, satisfaire la demande sociétale et donner de la dynamique aux équipes ».